[RESIDENCES] Au domaine des tourelles
Au cœur de la Plaine des Palmistes : Quand l'art prend racine au Domaine des Tourelles
Une alliance fructueuse entre patrimoine et création contemporaine
Depuis plus d’un mois maintenant, quelque chose de magique se déploie au Domaine des Tourelles, cette somptueuse case créole nichée au cœur de la Plaine des Palmistes. Le Domaine des Tourelles s’associe à l’association Kolkol pour accueillir, jusqu’en décembre, une série de résidences d’artistes. Une initiative qui transforme ce lieu chargé d’histoire en un véritable laboratoire de création artistique, où le patrimoine architectural dialogue avec les expressions contemporaines les plus audacieuses.
Cette collaboration entre Kolkol et le Domaine des Tourelles n’est pas le fruit du hasard. Elle s’inscrit dans une vision commune : celle de faire vivre l’art au plus près des territoires, de créer des espaces de rencontre entre les créateurs et le public, et de valoriser le travail des artistes dans un cadre exceptionnel. L’atelier mis à disposition par le Domaine devient ainsi bien plus qu’un simple lieu d’exposition – c’est un espace de création vivante, un atelier ouvert, un lieu de respiration où l’art se fait, se défait et se refait sous nos yeux.
Le Domaine des Tourelles : un écrin patrimonial pour la création
Pour comprendre toute la portée de cette initiative, il faut d’abord saisir l’importance du lieu qui l’accueille. Le Domaine des Tourelles est situé à environ 1 050 mètres d’altitude immédiatement au sud-ouest du centre-ville de La Plaine-des-Palmistes. Achetée en 1923 par Joseph Alexis Champierre de Villeneuve, la maison est entièrement détruite et reconstruite en 1926-1927.
La façade, inspirée de l’actuelle Maison Timol, se distingue du paysage réunionnais de par son architecture atypique avec ses deux tours. Cette demeure qui fut, jusqu’à la fin des années 1940, la plus somptueuse maison de villégiature de la Plaine des Palmistes, a connu bien des métamorphoses avant de devenir ce qu’elle est aujourd’hui.
En ruine à la fin des années 1980, elle est rachetée par le département de La Réunion, à l’origine des travaux de reconstruction qui s’achèvent en 1993 et la maison devient alors un archipel pour les métiers d’art. Aujourd’hui, cet îlot de l’Archipel des Métiers d’Art regroupe des ateliers d’artisans, une boutique artisanale et un espace restauration.
C’est dans ce contexte patrimonial et artistique si particulier que l’association Kolkol a trouvé un partenaire de choix pour déployer sa vision de l’accompagnement des artistes. Au cœur de la Plaine des Palmistes, à plus de 1000 mètres d’altitude, entouré de nature luxuriante et de fraîcheur propice à la création, le Domaine des Tourelles offre aux artistes un cadre unique où le temps semble suspendu.
Kolkol : deux ans d’engagement au service des artistes
Avant de plonger dans le détail de ces résidences, il convient de rendre hommage au travail remarquable accompli par l’association Kolkol depuis sa création. Kolkol accompagne les artistes dans leur promotion. Elle leur ouvre des portes sur toute l’île de La Réunion et génère pour eux de la visibilité, encourage la diversité et l’émergence, met à disposition son réseau et ses ressources. Depuis deux ans, l’association multiplie les initiatives : ouverture de la galerie Farfar au Tampon, puis ouverture du Tiers-lieu “Chez Kolkol”, organisation d’événements, kolkol met le travail de ses artistes adhérents au cœur des quartiers populaires, et aujourd’hui, ses résidences d’artistes au Domaine des Tourelles.
Le nom même de l’association est évocateur : kolkol est une herbe qui colle sur les vêtements quand on va dans des friches, une métaphore puissante qui illustre la capacité de l’association à s’implanter durablement dans le paysage culturel réunionnais, à tisser des liens, à créer du réseau.
Les artistes en résidence : une succession de talents généreux
Depuis le début de cette initiative, l’atelier du Domaine des Tourelles a vu se succéder des artistes aux pratiques diverses et complémentaires. Aurore Labre a ouvert la voie, suivie par Sylvie Rimlinger (Vie464), puis actuellement Amanda Goicovic et Yannick Aly-Beryl qui tissent leur toile dans cet espace unique. Fin novembre, Nathalie Mathé (Herenui) et Christelle Guilhem prendront le relais, chacune à leur tour, poursuivant cette belle dynamique de création au cœur de la Plaine des Palmistes.
Aurore Labre : pionnière de l’atelier
Aurore Labre a été l’une des premières artistes à investir cet espace de création, jouant ainsi un rôle fondateur dans cette aventure. Artiste plasticienne basée à Sainte-Rose, dans l’Est de l’île, elle incarne une figure émergente de la scène artistique réunionnaise. Son passage aux Tourelles a permis de poser les bases de ce qui allait devenir une véritable dynamique de création, testant le dispositif et démontrant qu’un atelier au cœur d’un lieu patrimonial pouvait effectivement devenir un espace de travail vivant et inspirant.
L’année 2024 marque pour elle un tournant significatif : en juin, elle a officiellement professionnalisé sa pratique artistique, créant son statut d’entrepreneur individuel dans la création artistique relevant des arts plastiques. Ce passage au statut professionnel témoigne d’un engagement profond envers son art et d’une volonté de vivre pleinement de sa création. Cette démarche s’inscrit parfaitement dans la mission de Kolkol, qui accompagne justement les artistes dans leur structuration et leur développement.
Avec plus d’une quarantaine d’œuvres à son actif, Aurore Labre construit patiemment un corpus qui lui est propre. Bien que discrète sur la scène médiatique – préférant laisser parler ses œuvres plutôt que multiplier les interviews – elle représente cette génération d’artistes réunionnais qui, loin des projecteurs et de l’agitation des grands centres culturels, travaillent avec passion et constance à développer leur langage plastique. Son ancrage à Sainte-Rose, territoire marqué par la puissance tellurique du volcan et la luxuriance tropicale, nourrit sans doute son imaginaire créatif.
En acceptant d’être parmi les premières à investir l’atelier du Domaine des Tourelles, Aurore Labre a fait preuve de courage et de confiance. Elle a pris le risque de l’expérimentation, sans savoir exactement ce que cette résidence allait devenir. Son passage a ouvert la voie aux autres artistes, leur montrant qu’il était possible de créer dans ce lieu, d’y trouver l’inspiration, d’y développer son travail. En cela, elle mérite pleinement le titre de pionnière.
Sylvie Rimlinger (Vie464) : l’artiste du fragment recomposé
Après Aurore Labre, c’est Sylvie Rimlinger, qui signe ses œuvres sous le pseudonyme évocateur de Vie464, qui a pris possession de l’atelier. L’œuvre de l’artiste Sylvie Rimlinger est une ode à la beauté et au sublime désordre du monde. Baroque et rocambolesque, penchée sur l’abstrait, sa démarche artistique s’ancre dans une poursuite sensible et tangible des grands textes et des grands mythes de l’humanité.
Née dans le Lot en 1964, elle arrive à La Réunion en 1990, débarquant dans un milieu artistique alors en pleine effervescence. Elle devient rapidement intermittente du spectacle et s’active dans la production de spectacle vivant. Parallèlement, elle commence à coller, bricoler, assembler, tout ce qui lui tombe sous la main.
Ce qui rend le travail de Sylvie Rimlinger particulièrement fascinant, c’est sa capacité à transformer la contrainte en source de créativité. Fortement influencée par l’Oulipo, elle utilise la contrainte et le jeu pour se pousser en dehors de toute routine. Ses collages sont bien plus que des assemblages de papiers : ils sont des narrations visuelles qui interrogent notre rapport au monde, à la mémoire, à l’identité.
Dans sa collection « Châteaux de Cartes », elle présente des assemblages d’éléments recomposés d’un simple jeu de cartes. Symboles, nombres, couleurs, rois, reines et valets, tous se retrouvent dans des restructurations intelligentes et inspirées qui composent chacune une narration originale.
Artiste protéiforme, Sylvie Rimlinger est aussi romancière, script-doctor et biographe. La versatilité de l’artiste est remarquable. Le sublime désordre de ses séries de collages s’épanouit davantage dans ses peintures, dessins et tissages, qui captivent et émerveillent. Son œuvre, nourrie de littérature, traversée par les mots d’Eugène Ionesco ou encore de Maya Angelou, nous emporte dans un voyage à la fois ludique et philosophique.
Amanda Goicovic et Yannick Aly-Beryl : le tissage comme langage
Actuellement, deux artistes remarquables occupent l’atelier et déploient leur pratique du tissage, créant une véritable synergie créative. Amanda Goicovic et Yannick Aly-Beryl incarnent une génération d’artistes qui questionnent les savoir-faire traditionnels pour les réinventer dans une perspective contemporaine.
Amanda Goicovic : tisserande de mémoires
Amanda Goicovic est une artiste plasticienne qui focalise son travail dans l’univers textile. Elle est née au Chili en Amérique du Sud, mais elle commence sa carrière dans l’art qu’en France, où elle est installée depuis 9 ans. Son parcours l’a menée à La Réunion où elle a développé une fascination profonde pour les techniques textiles locales.
Fascinée par les techniques textiles, elle s’intéresse à la technique de la broderie de Cilaos, qui mêle broderie blanche, dentelle et tissage. Dans son travail, Amanda Goicovic établit un dialogue poétique entre temps et matière : « Tous nos jours sont planifiés, ils n’échappent pas au grillage du calendrier. Les jours de Cilaos sont différents, ils gardent l’invisible du quotidien. Le temps que prennent les broderies peut difficilement devenir un point de repère. Alors, on perd le comptage de jours et à la place, on compte les fils, qu’on doit enlever, lancer, faire passer et ainsi de suite dans une boucle interminable de gestes. »
Cette approche du temps comme matière à tisser trouve une résonnance particulière dans l’atelier du Domaine des Tourelles, où la création se fait au rythme lent et méditatif du geste textile. « Le rythme est donné par la lumière du jour qui rentre par les fenêtres… On travaille la toile de lin comme on travaille une sculpture, on taille avec l’aiguille. »
Le travail d’Amanda Goicovic ne se limite pas à une pratique esthétique. Ancienne chercheuse, elle s’est toujours questionnée sur la place donnée à l’artisanat dans l’art et notamment l’art contemporain, interrogeant si « la dimension artisanale dans les œuvres d’art peut-elle être considérée comme un geste politique ? »
Lors de sa récente exposition-chantier Arpentisaz à Saint-Pierre, elle a exprimé son envie de sortir des postures classiques, du rapport artiste-spectateur. Elle fait intervenir ceux qui viennent regarder, les invite à toucher, à sentir et même à faire, intégrant leur travail dans l’exposition. Cette approche participative fait écho à sa vision selon laquelle « les territoires fabriquent leur avenir ».
La dimension de lutte contre une forme de néo-colonialisme est complètement présente dans l’ensemble de son travail artistique et de recherche. Comment faire en sorte de développer les pratiques locales sans que celles-ci ne deviennent exploitées ? Comment préserver les spécificités locales quand le capitalisme tend à uniformiser pratiques et cultures ? Pour Amanda Goicovic, l’artisanat n’est pas un héritage figé mais une manière d’imaginer un avenir plus autonome et plus solidaire.
Yannick Aly-Beryl : designer des territoires
Yannick Aly-Beryl apporte à cette résidence une dimension particulière, celle du design territorial et de l’innovation sociale. En déployant des méthodes issues du design, il propose des solutions créatives au service du développement local et des territoires délaissés. Il accompagne des collectivités, des institutions et des structures privées à innover autour des enjeux urgents de soutenabilité environnementale et sociale.
Son approche se caractérise par une immersion totale sur le terrain : « C’est en étant sur le terrain, en faisant avec, ses habitant·e·s et ses composantes naturelles, culturelles, économiques et sociales que je livre des réponses sur-mesures. »
La collaboration entre Amanda Goicovic et Yannick Aly-Beryl autour du tissage n’est pas anodine. Elle témoigne d’une convergence de préoccupations : réactivation des savoir-faire locaux, création de liens sociaux par l’artisanat, questionnement sur les modes de production et de transmission. Dans l’atelier des Tourelles, leurs fils se croisent pour tisser non seulement des œuvres textiles, mais aussi des réflexions sur notre manière d’habiter le monde et de faire société.
Les prochaines à rejoindre l’aventure : Herenui et Christelle Guilhem
La belle dynamique initiée au Domaine des Tourelles ne s’arrête pas là. Fin novembre, deux nouvelles artistes prendront le relais, chacune à leur tour, pour poursuivre cette exploration créative dans ce lieu unique. Nathalie Mathé, qui signe ses œuvres sous le nom poétique Herenui, et Christelle Guilhem, deux figures engagées de la scène artistique réunionnaise, apporteront leurs univers singuliers à cet atelier de la Plaine des Palmistes.
Herenui : l’alchimie de la transformation
Chimiste de formation, Nathalie Mathé a choisi de suivre le fil de ses émotions et de sa créativité pour devenir Herenui, une artiste complète, libre et profondément humaine. Ce passage de la science à l’art n’est pas une rupture, mais plutôt une continuité : dans les deux domaines, il s’agit de transformation, d’observation, de compréhension des processus.
Sa démarche artistique s’ancre dans la célèbre maxime de Lavoisier, reprise par Mendeleïev : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Cette philosophie irrigue l’ensemble de son travail. Entre peinture, pyrogravure, tempéra, pastel ou acrylique, chaque médium devient un langage d’émotion et de lumière. À cela s’ajoutent la restauration, la sculpture du bois et la transformation d’objets – une pratique artistique résolument plurielle qui témoigne de sa curiosité insatiable et de son refus de s’enfermer dans une seule discipline.
Son parcours est marqué par une expérience de vie riche et cosmopolite : Mayotte, Madagascar, Marseille, Guadeloupe, Autriche, Belgique, et aujourd’hui La Réunion. Ces multiples territoires traversés ont nourri son regard, enrichi sa palette, et forgé une sensibilité particulière aux questions de transmission et de partage. Son atelier à Saint-Leu est devenu un lieu de rencontre et d’apprentissage, où elle propose des espaces pour se découvrir à travers l’art, pour enfants comme pour adultes.
Son parcours artistique à la réunion fait d’elle une véritable passeuse de savoir et de sensibilité. Elle anime notamment un cours hebdomadaire intitulé « Le chant des couleurs », titre qui résume à lui seul sa vision de l’art comme une mélodie visuelle, une harmonie entre les teintes et les matières. Sa présence au Domaine des Tourelles promet d’apporter une dimension à la fois poétique et technique, celle d’une artiste qui sait autant manier le pinceau que transmettre son savoir.
Christelle Guilhem : médiatrice culturelle et artiste engagée
Christelle Guilhem incarne une figure particulière dans le paysage artistique réunionnais : celle de l’artiste-médiatrice, de la créatrice qui ne se contente pas de produire des œuvres, mais qui s’engage activement dans la construction d’espaces culturels et dans l’accompagnement d’autres artistes.
Membre du collectif « À minuit le soleil », elle est également membre fondatrice et directrice artistique bénévole de l’Espace Carambole au Tampon, devenu aujourd’hui “Chez Kolkol” un lieu incontournable pour les arts visuels dans le sud de l’île. Cette implication dans la création de structures culturelles témoigne d’une vision de l’art comme pratique collective, nécessitant des lieux, des réseaux, des espaces de rencontre.
Son engagement ne s’arrête pas là : elle participe bénévolement aux Nuits d’Art de la Pleine Lune avec l’association Cheminements, et a réalisé le livret « Ateliers, lieux de création » dont l’objectif est de rendre visible le travail des artistes du Tampon. Cette attention portée à la visibilité des artistes, à la cartographie des lieux de création, résonne parfaitement avec la démarche de Kolkol. Elle a également participé à la mise en œuvre du Mois de l’Art Contemporain le OFF dans la commune du Tampon.
Sa formation est multiple et révélatrice de son parcours : Master 2 Enseignement et Formation, Licence Sciences de l’Education, DU de médiation sociale et culturelle, formation à l’École d’Art des Arènes avec option peinture à l’huile. Ce croisement entre formation artistique et formation en médiation culturelle et en sciences de l’éducation lui permet d’occuper une position unique, à l’intersection de la création, de la transmission et de l’action culturelle.
Christelle Guilhem a également été intervenante pour la mise en place d’ateliers au Village Titan au Port et pour le Conseil Général de la Réunion, et a accompagné des projets dans le cadre du développement rural de Grand Coude et de la cohésion sociale à Saint-Joseph. Son travail artistique s’inscrit donc dans une vision élargie de la culture comme outil de développement territorial et de lien social.
Récemment, elle a exposé aux côtés de Delphine Tronquart, témoignant ainsi d’une pratique artistique toujours active. Sa venue au Domaine des Tourelles s’inscrit dans la continuité de son engagement pour la création de réseaux et d’espaces pour les artistes – elle qui a tant œuvré pour créer ces lieux ailleurs viendra cette fois créer dans un espace offert par d’autres, bouclant ainsi une belle boucle de solidarité entre artistes.
Un soutien mutuel :
quand les artistes portent Kolkol
Ce qui rend ces résidences particulièrement précieuses, c’est la relation de réciprocité qu’elles instaurent. En acceptant d’investir cet atelier, en y créant leurs œuvres, en ouvrant leur processus de création au public, ces artistes ne font pas que bénéficier d’un lieu de travail exceptionnel. Ils participent activement à donner corps au projet de Kolkol, ils le légitiment par leur présence, ils l’enrichissent de leur talent.
Chacun de ces artistes, par sa pratique singulière, contribue à faire de l’association Kolkol bien plus qu’une simple structure de diffusion. Ils en font un véritable laboratoire d’expérimentations artistiques, un lieu de pensée critique sur l’art et son rôle dans la société, un espace de transmission et de partage..
Ce partenariat entre Kolkol et le Domaine des Tourelles dessine les contours de ce que pourrait être une politique culturelle véritablement ancrée dans les territoires. Il montre qu’il est possible de faire dialoguer patrimoine et création contemporaine, de créer des espaces de travail pour les artistes en dehors des centres urbains habituels, de rendre la création accessible et visible au plus grand nombre..
Les artistes qui se sont succédé dans cet atelier ont montré, chacun à leur manière, que l’art n’est pas une activité déconnectée du monde, mais au contraire une façon d’habiter le territoire, de tisser du lien, de transmettre et de réinventer des pratiques. Que ce soit à travers les collages narratifs de Sylvie Rimlinger, les tissages engagés d’Amanda Goicovic, ou les démarches de design territorial de Yannick Aly-Beryl, c’est une même vision de l’art comme pratique sociale et culturelle qui se dessine.
Le Domaine de Baradoz, paradis des artistes
Pour qu’une résidence d’artiste soit réussie, il ne suffit pas d’offrir un atelier de création. Il faut aussi pouvoir accueillir les artistes dans des conditions propices au travail et à la concentration. C’est là qu’intervient le Domaine de Baradoz, partenaire précieux de cette initiative, qui assure l’hébergement des artistes durant leur séjour à la Plaine des Palmistes.
Le Domaine de Baradoz un lieu dont le nom dit déjà tout de la philosophie qui l’anime. “Baradoz” signifie “paradis” en breton, et c’est bien cette ambition que porte Enora, la gestionnaire du lieu, Bretonne tombée amoureuse de La Réunion : créer un espace de ressourcement et de détente en pleine nature, loin du bruit, au cœur de l’île.
Niché dans un environnement naturel préservé, le domaine offre aux artistes un cadre serein avec son jardin paisible et sa terrasse spacieuse qui offre des vues imprenables sur les montagnes environnantes. Cette immersion dans la nature à plus de 1000 mètres d’altitude, dans la fraîcheur des Hauts, crée les conditions idéales pour la création artistique et la réflexion.
Mais ce qui rend ce partenariat particulièrement pertinent, c’est la vision d’Enora elle-même, qui a pensé son lieu comme un espace de rencontre entre cultures et pratiques créatives. Le Domaine de Baradoz accueille régulièrement des associations artistiques et culturelles qui y organisent des ateliers, des stages, des vernissages et toutes sortes d’événements créatifs. Les pièces communes peuvent même accueillir des ateliers créatifs, des réunions ou des vernissages artistiques en journée, créant ainsi des opportunités de rencontres et d’échanges.
Cette approche en parfaite adéquation avec celle de Kolkol fait du Domaine de Baradoz bien plus qu’un simple lieu d’accueil: c’est un lieu qui participe pleinement à l’expérience de résidence, un espace où les artistes peuvent se ressourcer après leurs heures de création à l’atelier des Tourelles, partager leurs réflexions dans un cadre convivial, et bénéficier d’un accompagnement attentif tout au long de leur séjour.
Cette collab souligne une fois de plus l’importance des solidarités locales dans le soutien à la création artistique. Que ce soit le Domaine des Tourelles qui met à disposition l’atelier, ou le Domaine de Baradoz qui accueille les artistes, ce sont des acteurs du territoire qui se mobilisent pour faire de la Plaine des Palmistes un véritable pôle de création artistique, démontrant qu’un écosystème culturel vivant se construit par la synergie de multiples initiatives complémentaires.
Une reconnaissance nécessaire
Il est important de prendre le temps de reconnaître et de célébrer le travail de tous. Dans un secteur culturel souvent fragile économiquement, où les artistes doivent multiplier les activités pour vivre de leur art, chaque initiative qui leur offre un espace de travail, une visibilité, une légitimité, compte énormément.
Ces artistes auraient pu choisir de rester dans leurs ateliers personnels, de travailler de manière plus confidentielle. En acceptant de venir créer au Domaine des Tourelles, en ouvrant leur processus de création au public, ils prennent un risque – celui de l’exposition, de la vulnérabilité – et ils font un don – celui de leur temps, de leur énergie, de leur talent.
Ce don mérite d’être reconnu. Il mérite d’être valorisé. Car au-delà de leurs œuvres individuelles, ces artistes contribuent à construire quelque chose de plus large : un écosystème culturel local, un réseau de solidarité entre créateurs, une vision de l’art comme bien commun.
Les artistes qui passent par cet atelier sont comme des jardiniers. Ils viennent planter quelque chose dans ce lieu, dans ce territoire. Leur travail germe, pousse, se développe. Et quand ils repartent, ils laissent derrière eux des traces, des œuvres, des idées qui continueront à fructifier.
L’association Kolkol, fidèle à son nom d’herbe qui s’accroche et se propage, continue de tisser son réseau, de créer des liens, de faire pousser l’art partout où c’est possible. Et au cœur de la Plaine des Palmistes, dans l’écrin patrimonial du Domaine des Tourelles, cette belle aventure continue, portée par la générosité et le talent d’artistes qui croient que l’art peut changer le monde, ou du moins notre manière de l’habiter.
Alors MERCI!